C’était le 30 Novembre 2019 : 40 ans après sa création, la distillerie artisanale André Mersiol mettait un terme à son activité.
Retour sur l’histoire d’une distillerie reconnue/appréciée de tous ainsi que sur les raisons de cette fermeture.
La distillerie vit le jour en 1980 dans une vieille grange de Dambach-la-Ville. À l’époque, André Mersiol – son fondateur – décide de créer sa propre distillerie par goût pour les eaux-de-vie et plaisir de distiller. Le succès est au rendez-vous si bien que femme et enfants se joignent à l’aventure.
« Toute la famille distille ! Après la fondation de la distillerie par mon père, ma mère vint lui prêter main forte. Mon frère rejoignit l’entreprise au milieu des années 1990 et moi courant 2003. Chaque année, nous nous relayons à la production durant 3 ou 4 mois au cours desquels nous assurons les 3×8 en famille. Notre production avoisine les 8 000 bouteilles par an. » Pierre Nicolas Mersiol.
Originellement dédiée à la confection d’eaux-de-vie blanches, la distillerie produit du whisky depuis 4 ans. Un blend et trois single malt alsaciens composent sa gamme.
« Nous faisons le whisky comme s’il était pour nous. On ne se préoccupe pas de savoir si tel goût plaît plus qu’un autre. C’est cette démarche qui plaît à notre clientèle. » P. N. Mersiol.
La présence peu commune de Calvados parmi la gamme de la distillerie s’explique par le fait qu’André Lelouvier, spécialiste du vieillissement de Calvados, n’était autre que le père de Béatrice Mersiol. À ce propos…
« La cire que nous utilisons pour cacheter nos bouteilles de whisky est un clin d’œil à celle qu’utilisait mon grand-père pour cacheter le Calvados. » P. N. Mersiol.
Louée pour la qualité de ses spiritueux (prix d’excellence au Concours Général Agricole Paris 2018 et 2019 notamment), la distillerie cherchait à réduire sa gamme depuis quelques mois pour limiter le poids administratif lié à son activité.
« Un cap administratif était à passer. Entre mes parents qui aspirent à la retraite et mon frère qui se consacre à la technique, je suis seul à faire du papier… Beaucoup trop de papier. L’investissement à réaliser pour dématérialiser ce travail aurait été trop lourd pour notre distillerie. Nous avons donc pris la décision de liquider le stock et de vendre le matériel. C’est dommage, la distillerie était en plein développement. » P. N. Mersiol.
Et dire que le seul poids administratif peut mettre fin à 40 ans de distillation, de savoir-faire et d’histoire…
« Pendant 30 ans nous étions une petite structure. La distillation était un loisir familial. Nous sommes sortis de l’ombre ces dix dernières années en participant à des concours. Ça a bien fonctionné ! Les deux prix d’excellence reçus au Concours Général Agricole nous incitaient à montée en gamme plus qu’à nous développer comme des dingues. C’était une belle reconnaissance pour une petite structure comme la nôtre. » P. N. Mersiol.
Parmi les nombreux moments forts de la distillerie, la famille Mersiol retiendra l’aventure dans son ensemble.
« J’avais 13/14 ans quand j’ai débuté la distillation. Mon père nous attendait à la sortie du collège pour aller distiller avec lui. Nous avons passé beaucoup de bons moments en famille et avec nos amis dans cette distillerie. » P. N. Mersiol.
Bonne humeur et sens du partage resteront parmi les nombreux souvenirs d’une visite à la distillerie effectuée fin 2018. Des whiskies Mersiol, nous en retiendrons la typicité. De leurs eaux-de-vie, la fraise !
Se pourrait il que la distillerie renaisse un jour ?
« Nous verrons. Si quelqu’un se présente et propose un projet en lien avec notre optique pourquoi pas… Nous serions ravis de repartir à l’aventure, de libérer du temps pour notre clientèle et continuer à travailler de notre mieux ! » P. N. Mersiol.
Il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts pour que la distillerie reprenne son activité. Si tel n’était pas le cas, nous souhaitons à ses alcools un destin à la Karuizawa !
Crédit photo : Roman Tournay 💪📸👊