Le Style, l’Export, le Goût – Entretien avec David Roussier.

Pionnière dans la fabrication de whisky français (1983), Warenghem, forte d’une notoriété établie et d’un volume de production adapté, est en train de réussir le pari de l’export. Entretien avec David Roussier, actuel dirigeant.

  • M. Roussier, quel fût le chemin parcouru par la distillerie avant de se lancer à l’export ?

« C’est un travail en plusieurs phases. La première eut lieu entre 1980 et 2000. Elle correspond à une période de découverte du monde du whisky au cours de laquelle Warenghem se familiarise avec les différents acteurs de ce marché.

La seconde phase s’est opérée entre 2009 et 2015. Durant ces années, Warenghem entreprend un travail de consolidation, notamment sur la partie technique. Notre maîtrise des processus de fermentation, brassage et distillation ainsi que la gestion des chais et des fûts s’est renforcée tout en personnalisant notre travail. Un énorme saut qualitatif a été réalisé au cours de ces 6 ans. C’est grâce à ce bond que la distillerie est aujourd’hui à même d’amener des whiskies plus âgés sur le marché tout en ayant doublé sa production ces trois dernières années.

Ce n’est qu’une fois ce socle établi que nous nous sommes davantage intéressés à l’export. Il y a encore du chemin à faire là dessus, notamment par rapport à des Kavalan, Penderyn, Mackmyra et consorts. L’Allemagne est actuellement notre principal marché à l’export en raison de l’attachement qu’ont les Allemands avec la Bretagne. Le marché américain est plus difficile. Je ne sais pas encore quels sont les pays les plus attirés par le whisky Français. Cherchent ils des whiskies Français, des whiskies Bretons ? ».

  • Comment le goût des consommateurs (Français) a évolué au cours des dernières années ?

« Les whiskies ont perdu de l’âge, modifiant ainsi le goût des consommateurs qui étaient habitués à des whiskies plus secs dotés d’une complexité plus importante. On se dirige aujourd’hui vers des whiskies plus jeunes avec moins de complexité mais des arômes plus marqués.

« On se dirige aujourd’hui vers des whiskies plus jeunes avec moins de complexité mais des arômes plus marqués ».

La curiosité du public a également évolué. La découverte des Single Malt vers le milieu des années 1990 a laissé place à celle de distilleries spécifiques dans les années 2000. Ce fût ensuite la découverte des whiskies Japonais en 2005 puis des whiskies d’ailleurs en 2010. 2015 peut être considérée comme date butoir dans l’histoire du whisky Français avec sa reconnaissance par le grand public.

« 2015 peut être considérée comme date butoir dans l’histoire du whisky Français avec sa reconnaissance par le grand public ».

  • Existe il un style Français ?

« Je ne crois pas à la notion de style lorsqu’elle est rattachée à un pays. Que l’on soit chez Bruichladdich, Bowmore, Auchentoshan ou Glenfarclas, chacun de ces whiskies détient une identité propre bien qu’ils soient Écossais. Difficile à partir de cela de définir un style propre à ce pays. C’est encore plus vrai pour les blends et leurs profils si variés. La recherche et définition d’un style Français ne me convainquent pas, d’autant plus que la diversité des alambics en activité en France est plus élevée qu’en Écosse. Ce dont je suis convaincu, c’est que la multiplication des acteurs sur le marché crédibilise le savoir-faire de la France en matière de fabrication de whisky et aide à sa communication ».

  • Pouvez-vous nous informer des évènements à venir concernant Armorik ?

« 2018 marquera les 20 ans d’Armorik. De nombreuses nouveautés seront proposées aux amateurs à cette occasion avec des embouteillages inédits et de nombreux évènements organisés sur les différents marchés.

« 2018 marquera les 20 ans d’Armorik. De nombreuses nouveautés seront proposées […] à cette occasion avec des embouteillages inédits ».

Je pense également que notre savoir-faire en matière de vieillissement se fera davantage savoir au cours des 5 prochaines années avec le lancement de whiskies plus âgés au sein la gamme.

Le maintien de nos partenariats avec la filière locale (tonnelier, agriculteurs, etc.) constitue également une priorité de manière à contribuer à l’essor régional et rendre nos whiskies plus uniques encore ».

Propos recueillis auprès de D. Roussier, le 26 Juillet 2017. Nous tenions à le remercier ainsi qu’à l’ensemble de ses équipes pour ce précieux moment de partage. 2018 et son lot de nouveautés approchent!

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