Les Alambics Stupfler ®

Aussi discret qu’incontournable dans le paysage du whisky français, Jean Louis Stupfler – actuel dirigeant de l’entreprise Stupfler® – cultive un savoir-faire unique en matière de fabrication d’alambics. Cette entreprise familiale, à la renommée mondiale, est louée par de nombreux producteurs pour la qualité des spiritueux issus de ses alambics. Coup de projecteur sur une entreprise où excellence et passion se transmettent dans le plus grand secret au fil des générations.

Propos recueillis auprès de Jean Louis et Johann Stupfler.

  • L’histoire de Stupfler® à travers ses personnages clés.

« L’entreprise a été fondée en 1925 par Louis Stupfler, chaudronnier-formeur de profession. Fort d’un savoir-faire et d’une maîtrise du travail du cuivre acquis à Rennes et Paris – chez Deroy notamment – cet alsacien d’origine quitte la capitale pour s’installer à Bordeaux, au cœur du Médoc/Entre-Deux-Mers, là où le nombre de bouilleurs ambulants lui permet d’exercer son activité.

Dans les années 1950, son fils, Robert Stupfler, élargit la clientèle de l’entreprise en sortant de la Gironde. Il s’étend d’abord aux départements limitrophes puis à la France entière. Les bouilleurs ambulants représentent encore le cœur du marché mais, suite à l’application de lois limitant la transmissibilité du privilège de bouilleur de cru dans les années 60, l’activité s’oriente davantage sur la réparation que la fabrication d’alambic. » Jean Louis Stupfler.

En 1988, Jean Louis Stupfler – 3ème génération ! – prend les rennes de l’entreprise. Formé par son père – Meilleur Ouvrier de France en Chaudronnerie – J. L. est confronté à la diminution du nombre de bouilleurs ambulants. C’est ce qui l’encourage à diversifier sa clientèle en s’intéressant à de nouveaux acteurs du marché :

« Nous visons la niche des eaux-de-vie et spiritueux ultra premium. Démarcher les distilleries nous a permis d’élargir notre clientèle. » J. L. S.

Ce nouvel élan s’accompagne d’une amélioration des technologies utilisées/développées par l’entreprise. Ainsi, après de nombreuses années de travail, le marché s’étend aux zones Amériques / Pacifiques et l’entreprise acquiert le statut de « Rolls Royce de l’alambic ».

En 2016, Johann Stupfler, ingénieur en mécanique et fils de Jean Louis Stupfler, intègre la fabrique :

« J’avais envie de rejoindre l’entreprise familiale et de débuter à la production ». Johann Stupfler.

Après des expériences réussies chez Eiffage et Safran, il débute son apprentissage au contact des membres de l’équipe, eux-mêmes formés par les soins de l’entreprise. La 4ème génération est en marche !

  • Les étapes de fabrication d’un alambic

1.    La Conception

« C’est cette phase qui nous permet d’être en adéquation avec les besoins du client. Elle est capitale. » J. L. S.

2.    La Fabrication

« Elle débute par la réception de feuilles de cuivre et de tubes pour serpentins bruts de fonderie. On trace, découpe, roule et soude à partir de ces pièces. Ici tout est réalisé à la main, rien n’est automatisé. » J. L. S.

L’entreprise axe son travail sur le cuivre, matériau à l’excellent coefficient de conductibilité thermique et à la capacité de fixation des composés non désirables. L’inox est également utilisé pour la fabrication du fourneau.

Fabrication d’un alambic avec Johann Stupfler – Crédit Photo : Whisky Français.
(Suite) Fabrication d’un alambic avec Johann Stupfler – Crédit Photo : Whisky Français.
(Suite 2) Fabrication d’un alambic avec Johann Stupfler – Crédit Photo : Whisky Français.

La fabrication terminée, l’alambic est monté à blanc à l’atelier :

« Nous refaisons le gabarit du socle du maçon et ajustons les cols de cygne de liaison. » J. L. S.

3.    Livraison et Assemblage

« Nous livrons l’alambic en 3 pièces : chaudière, colonne de rectification et réfrigérant. » J. S.

Les opérations de connections sont effectuées par une entreprise de plomberie mandatée par le client.

  • Le Savoir-Faire Stupfler®

Créée en 1925, la fabrique s’appuie sur le savoir-faire de 4 générations. Que ce soit en tant que Meilleur Ouvrier de France, ingénieur Arts et Métiers ou maître distillateur, chaque membre de l’équipe contribue à l’avance technologique souhaitée par l’entreprise :

« Nous sommes à la croisée des chemins entre les métiers d’ingénieur, de chaudronnier, et de distillateur ! Cette diversité nous permet d’avoir une longueur d’avance dans la conception des alambics. Elle nous permet également de répondre au mieux aux attentes clients. » J. L. S.

La maîtrise technologique acquise par l’entreprise s’exprime pleinement à travers la fabrication d’alambics au profil singulier :

« Nous souhaitons laisser une grande part de liberté aux maîtres-distillateurs dans l’utilisation de nos alambics tout en veillant à fabriquer un outil simple de part son fonctionnement. Deux points d’action sont prévus à cet effet : la pression du chauffage et le débit d’eau dans la colonne de rectification. En agissant sur ces deux paramètres, nous plaçons le distillateur au cœur du pilotage de l’alambic. Il est à même de gérer et de valoriser sa matière première selon ses désirs. Cette flexibilité et cette extrême facilité de fonctionnement nous différencient d’autres fabricants au matériel laissant moins de liberté d’intervention. » J. L. S.

L’un des secrets propres aux alambics Stupfler® réside dans la technologie disruptive du système de rectification. Là où les concurrents équipent leurs systèmes de rectification de plateaux, les alambics Stupfler® fonctionnent sans ! L’entreprise s’appuie pour cela sur le principe de condensation partielle par refroidissement contrôlé. La mise en place de ce système, à contre-courant de ceux utilisés par les fabricants industriels, est rendue possible grâce à l’utilisation d’outils de fabrication spécifiques :

« Nous avons dû développer nous-mêmes trois machines-outils principales. Deux nous permettent de créer le réseau physiquement et une nous permet son montage dans la colonne. Plus de 10 ans ont été nécessaires à leur conception et à leur fabrication ! Sans elles et tout ce long travail de R&D, nous serions dans l’incapacité totale d’offrir à nos clients cette technologie originale et extrêmement performante qui fait notre succès aujourd’hui. » J. L. S.

Une technique qui permet en outre d’obtenir des eaux-de-vie de haute facture en une seule passe.

  • Existe-t-il une « patte » Stupfler chez les spiritueux issus de vos alambics ?

« Oui ! Il y a une fidélité à la matière première en terme d’arômes et de texture. Certains experts renommés s’accordent à dire que les spiritueux issus de nos alambics présentent dès leur sortie une rondeur et une souplesse caractéristiques. L’alcool est soyeux, velouté avec une absence de notes raides et agressives. Ceci est particulièrement perceptible lorsqu’on déguste un new spirit. » J. L. S.

  • Quel avenir pour Stupfler® ?

« À l’international, il y a du travail à pourvoir dans le monde entier ! Nous souhaitons développer notre activité tout en gardant une entreprise à taille humaine. Notre volonté est également de continuer à former nos équipes en veillant à ce qu’il y ait toujours une personne capable de contrôler l’ensemble de la conception et de la réalisation des alambics. » J. L. S.

Avec la construction en cours d’un nouvel atelier, Stupfler® se dote d’un outil de production lui permettant de poursuivre sa marche en avant. Si la taille de l’entreprise (plus modeste que celle de ses concurrents) sous-entend qu’elle évolue en David dans un monde de Goliath, il serait naïf de le penser tant celle-ci a su se démarquer et se hisser au rang de référence sur le marché des eaux-de-vie (très) haut de gamme. Son sérieux et sa longévité invitent au plus profond des respects. Alors, qui de Stupfler® ou de Coca-Cola® conservera au mieux son secret de fabrication ? Stupfler®, évidemment !

De g. à d. : Jean-Louis Stupfler et Johann Stupfler – Crédit Photo : Whisky Français

>> Tous nos remerciements à Johann et Jean-Louis Stupfler pour leur accueil, temps et sympathie : mille merci/bravo à vous et à vos équipes !