Milhòc – Un Nouveau Chapitre pour la famille Lesgourgues

Situé à Sorbets, dans le Gers, le Château de Laubade est un nom bien connu des amateurs d’Armagnac. Réputé pour la qualité de ses eaux-de-vie, ce domaine emblématique, fondé à la fin du XIXe siècle, s’apprête à ajouter une nouvelle corde à son arc : la production de whisky ! Mais avant de vous raconter tout ça, revenons un peu sur l’histoire romanesque de ce joyau de la Gascogne.

Le château de Laubade

Une Histoire Ancrée dans le Temps

C’est en 1870 que Joseph Noulens, propriétaire du domaine de Laubade, fait construire le château. Pour l’homme, il s’agit alors d’une résidence de villégiature. Il faut dire que Joseph ne manque pas d’occupation ! D’abord député puis sénateur du Gers, il occupera également les fonctions d’ambassadeur de France en Russie ainsi que divers ministères dont celui de la Guerre, des Finances et, c’est ce qui nous intéresse, de l’agriculture en 1919. C’est à ce ministère que Joseph intègre Laubade dans un programme public de recherche et développement autour de l’agronomie et de l’élevage. Dès lors, le domaine, ainsi que 16 autres fermes pilotes, bénéficie de fonds publics qui lui permette de se développer considérablement mais en 1945, l’homme politique décède et Laubade traverse une période d’incertitude. Le domaine change de propriétaires à plusieurs reprises jusqu’à ce que, en 1974, un producteur de semences du sud-ouest (dont du maïs), propulse le domaine dans un nouveau chapitre de son histoire.

Le vignoble et la vue sur les Pyrénées depuis le château de Laubade

C’est cette année que Maurice Lesgourgues, rapidement rejoint par son fils Jean-Jacques, tombe amoureux du lieu, de sa vue sur les Pyrénées et du château, un mélange inédit d’architecture normande, arcachonnaise et toulousaine ! Il acquiert le domaine avec la ferme intention de produire un Armagnac de haute qualité, le Hermès de L’armagnac ! Il agrandit le vignoble qui atteint alors les 102 hectares et s’impose de ne pas vendre d’Armagnac âgé de moins de 8 ans.

Ce souci du temps long et du travail bien fait conduit le domaine à travailler dès le début en agriculture raisonnée. C’est pour cela que le domaine privilégie le Baco, cépage emblématique de l’Armagnac qui, étant donné sa résistance aux maladies, ne nécessite quasiment pas d’intrants. Cela dit, cette exigence agricole s’accompagne du souci de maintenir les savoir-faire, le domaine s’efforce donc de se maintenir sur un chemin de crête entre tradition et innovation ! Ainsi, le vignoble comprend également du Colombard, de l’Ugni blanc ainsi que du Plant de Graisse, un ancien cépage quasiment tombé dans l’oubli dont la maison propose un Armagnac mono-cépage. La famille Lesgourgues va même jusqu’à planter 50 hectares de bois et forêt, dont 15 de chêne sessile et pédonculé avec l’ambition de les utiliser un jour pour leur propre fût de chêne, d’ici 150 ans à 180 ans (Quand je vous disais qu’il y avait ici le souci du temps long !)

En 1999, Arnaud Lesgourgues rejoint son père dans l’aventure pour s’occuper aujourd’hui des vins (propriétés dans les Graves et à Madiran), suivi par son frère Denis en 2001 qui prend en charge les eaux-de-vie. Leur sœur Jeanne les rejoint en 2015 pour la partie Administrative et Financière). 19 ans plus tard, c’est donc la troisième génération de Lesgourgues qui décide de faire un pas de coté en s’intéressant à la production de whisky.

L’ancien labo du maitre de chai pour les assemblages d’Armagnacs

De l’Armagnac au Whisky

En 2018, Denis reçoit son importateur américain qui, constatant que la région dispose d’une grande quantité de maïs fait innocemment remarquer à son collègue français qu’il pourrait presque faire du bourbon ! Cette phrase lancée au détour d’une anodine balade ne produira pas d’effet tout de suite mais, en 2020, pendant le confinement, l’idée refait surface ! Laubade, via sa structure de distribution Maison LEDA, distribue déjà deux acteurs français de premier rang. Hepp en Alsace et Naguelann en Bretagne. De fait, elle mesure pleinement le potentiel et le dynamisme de la catégorie. Un whisky du sud-ouest serait parfaitement complémentaire dans le portefeuille de la maison mais à condition de faire quelque chose qui ait du sens, toujours entre continuité et innovation.

Ainsi, au 100 hectares de vignes et 50 hectares de bois et forêt s’ajoutent 17 hectares de maïs, les équipes ont sélectionné une variété précoce afin de semer tôt dans la saison (Avril) et ainsi, de ne pas avoir recours à l’irrigation des cultures. La céréale est ensuite brassée avec une part d’orge. Pour cette étape, Laubade fait d’abord appel à Meteor puis à la dynamique équipe de Salem Brewing Company dont la production de Wash sur mesure est le cœur de métier. Ensuite, Laubade prend en charge la distillation en une seule passe dans son alambic Armagnacais. Côté vieillissement, il s’agit principalement de fûts de chêne neuf (français et américain dont des « charred 3 et 4 »), d’ex fut de bourbon (Denis a sécurisé un partenariat stratégique en direct avec une distillerie de premier choix du Kentucky) et d’ex fut d’armagnac de la propriété bien entendu !

Fût de chêne américain Char 4

Le projet Milhòc, maïs en Gascon, devrait se matérialiser en 2025, à moins que le whisky ne demande plus de temps ! Comme le dit souvent Denis Lesgourgues, c’est la qualité qui décidera ! A Laubade, on sait prendre son temps, fort heureusement, le domaine propose largement de quoi patienter, et notamment dans sa gamme des « curiosité de Laubade » !       

CURIOSITÉ L’ENCHANTEUR SAUTERNES FINISH

L’Enchanteur est une eau-de-vie de Gascogne élevé 10 ans en fût de chêne puis affiné 8 mois en barrique de Sauternes !

Nez : Arômes de pâte de fruit à l’orange, reine Claude, mangue séchée et zestes de clémentines. Une complexité fruitée et fraîche, sublimée par des notes boisées délicates.

Bouche : Attaque ronde et suave, avec des saveurs de kaki, boisé épicé et gingembre confit. La gourmandise de la brioche aux fruits confits ajoute une dimension riche et réconfortante.

Finale : Très longue, marquée par des notes d’orangette au chocolat et de zestes d’agrumes. Une persistance équilibrée et raffinée qui prolonge le plaisir de la dégustation.