Ninkasi : la distillerie qui bouscule les codes du whisky !

Fauteuil club, lumière tamisée, cigare, verre old fashioned et un classique single malt affichant fièrement ses 12 ans… Le whisky est souvent perçu comme un alcool statutaire, presque figé dans ses codes. Et pourtant, contrairement au cognac par exemple, c’est un spiritueux qui bénéficie d’une réglementation relativement souple — un terrain fertile pour l’innovation.

Le consommateur type – Source : Ipsos 2018

Et pour innover, casser les codes et bousculer les idées reçues, qui mieux que Ninkasi ? Après avoir largement contribué au renouveau de la bière craft dès 1997, avec la création de sa première brasserie à Gerland, Ninkasi se diversifie. En 2015, dans le prolongement naturel de son savoir-faire brassicole, elle lance sa propre distillerie de whisky sous la houlette d’Alban Perret (Lire : Distillerie Ninkasi – Portrait Alban Perret)

Aujourd’hui installée à Tarare, à 40 km de Lyon, la distillerie bénéficie d’un terroir idéal : une eau exceptionnellement douce issue des Monts du Beaujolais, des matières premières 100 % françaises, et un ancrage régional fort. En 2023, elle se dote de deux alambics à distillation sous vide, permettant une ébullition à seulement 60 °C. Une technologie innovante qui permet à la fois des économies d’énergie substantielles et la production de distillats d’une grande finesse. Ces distillats sont ensuite élevés dans une large variété de fûts — mais ce sont surtout les fûts de vin qui font la signature Ninkasi !

Nouvelle gamme – Le modèle de la craft bière transposé au whisky ?

Chez Ninkasi, le lien entre bière et whisky est pleinement assumé : après tout, les deux boissons partagent les mêmes matières premières — céréales, eau et levures. Mais là où la bière s’est affranchie des conventions, le whisky reste souvent prisonnier d’une image statutaire. Justement, pour célébrer ses 10 ans en tant que producteur de whisky, Ninkasi décide de renverser la table.

Crédits Photo : Ludovic Combe – www.ludoviccombephotographe.fr

La nouvelle gamme se décline en quatre expressions, toutes embouteillées dans un flacon entièrement repensé par Olivier Orsucci, directeur artistique de la maison. En cohérence avec l’investissement réalisé dans des alambics sous vide et l’adoption récente du statut d’entreprise à mission, ce nouveau packaging vise aussi à réduire l’empreinte écologique de la distillerie : poids de la bouteille réduit de 46 % (400 g contre 750 g auparavant), étiquette petit format en papier 100 % recyclé (au lieu d’un plastique grand format), et étui en kraft disponible uniquement sur demande du client.

De la même manière qu’une stout ne saurait se comparer à une IPA, chaque whisky raconte une histoire et affirme un parti pris gustatif fort.

Les deux whiskies les plus accessibles de cette nouvelle gamme sont :
The Flow, élevé en ex-fûts de Cognac et de Viognier — un whisky particulièrement frais, fruité et floral, hautement “Highballisable” (Lire l’article sur le Highball), qui se distingue par ses notes franches de fruits blancs et de fleurs séchées ;
et New Code, élevé en fût neuf de chêne français et en ex-fût de Chardonnay — un whisky rassurant, pâtissier et gourmand.

Ninkasi signe également deux propositions plus audacieuses, à destination des amateurs curieux et ouverts à la découverte.
D’abord Inspiration, issu d’un double vieillissement en fûts de Cognac et de Gamay, qui dévoile des arômes de fruits des bois, de pâte d’amande et une finale légèrement épicée.
Puis Manifesto, un whisky vieilli en fût neuf et affiné en fût de Pineau des Charentes, qui se distingue par une densité aromatique hors norme, sur des notes oxydatives, de confiture de figue et de pain d’épices.

Avec ce repositionnement, Ninkasi propose une gamme riche et éclectique, tout en conservant un style affirmé qui fait son identité. On retrouve la patte de la maison dans des packagings disruptifs, qui interrogent notre rapport — parfois trop normé — au whisky. Et pour ne rien gâcher, les quatre expressions sont d’excellente facture.

Une seule question demeure : le whisky est-il prêt à changer de codes ?