The Unexpected N°2- Discussion avec Jean-Arnaud Frantzen

L’iconique Maison Couvreur vient de lancer « The Unexpected N°2 ». 
Un whisky Français ayant bénéficié de l’expertise de la maison en matière d’Élevage. 
L’occasion était parfaite pour prendre des nouvelles de la maison d’affinage mais aussi de la jeune distillerie Michel Couvreur. 
Discussion avec Jean-Arnaud Frantzen, maître de chai de la maison.
 
Bonjour Jean-Arnaud, vous venez de sortir « the Unexpected N°2 », avant d’entrer dans les détails, pouvez-vous nous parler du Unexpected N°1 ?
 
Oui bien sûr, The Unexpected numéro 1 avait été embouteillé à l’occasion du salon France Quintessence de 2017. 
Il s’agissait alors d’un whisky de 6 ans issu du même distillat que le numéro 2. 
Nous avions fait une toute petite cuvée de 120 bouteilles uniquement pour l’occasion. Nous ne les avions pas commercialisés, à la place, nous les avions offertes à de très bons clients.
 
Que pouvez-vous nous dire sur cette seconde édition qui est cette fois-ci accessible au grand public ?

En fait, nous avons commencé les achats de distillat français fin 2010, début 2011.
The Unexpected II est donc un dix ans d’âge issu d’un assemblage de fûts de Sherry.
Il y a du Pedro Ximenez en provenance de notre chai sec ainsi que des Oloroso et amontillado en provenance de notre chai humide. 
Il est embouteillé à la force du fût, ici 50%, et bien sûr non filtré à froid !
 
Un Brut de fût à 50% ?
 
Tout a fait, notre cave est tellement humide qu’elle favorise l’évaporation de l’alcool avec très peu de perte du volume global.
L’hygrométrie est telle que lorsqu’on descend avec un bloc note pour faire l’inventaire, ce dernier est inutilisable au bout de dix minutes tant le papier est humide ! 
En dix ans, les Oloroso et les Amontillado que nous avons assemblé dans The Unexpected N°2 étaient descendus entre 42 et 45% tandis que le PX qui était en cave sèche était resté à 56% ! 
En assemblant, nous sommes arrivés à 50%.
C’est idéal car la cave humide apporte de la complexité et de la rondeur la ou la cave sèche apporte ce qu’il faut de vivacité !
 
Le Chai humide de la Maison Michel Couvreur

The Unexpected N°2 est votre second whisky français, sait-on d’où provient le distillat ?

Je ne peux pas vous donner la distillerie mais c’est un distillat doté d’une forte personnalité obtenu après brassage, fermentation et double distillation d’orge de type Vanessa.
C’est ce qui nous avait plu avec ce distillat, il est doté d’un caractère qui lui permet de tenir des vieillissements longs et impactant, exactement ce que nous aimons faire ! 
Je pense que les connaisseurs sauront le reconnaître tant il reste présent y compris après dix ans !   
 
Le premier n’a pas été commercialisé, qu’en est-il de ce second ?
 
Pour le coup, nous avons un peu plus de bouteilles. 
Il y a 3000 bouteilles de 70 cl et 30 Magnum pour cette édition. 
Les ventes viennent de débuter, la demande était énorme et nous avons donc dû mettre en place des allocations. 
Le prix conseillé est entre 140 et 150 euros pour les 70 cl
 
Merci Jean-Arnaud ! Aux dernières nouvelles vous étiez en train de construire votre distillerie, quoi de neuf de ce côté-là ?
Ça se passe bien merci ! 
On a démarré la distillation en janvier on travaille de l’orge Planet et de l’Explorer. 
On voulait absolument que ce soit local aussi nous nous sommes associés à un producteur et ami qui nous alloue 15 hectares d’orge. 
Aujourd’hui les parcelles sont en conversion biologique, on sera en bio à partir de la prochaine récolte !
 
Le maltage à lieu à la malterie de Rozelieure puis grâce à notre moulin, nous produisons une mouture grossière que nous brassons en trois paliers. 
Une de nos originalités c’est nos fermentations de deux semaines, à froid et avec des levures indigènes dans des cuves en bois de 2500 litres.
 
Pour la distillation nous avons deux Charentais chauffé à flamme directe, un Wash still de 25 hectos et un spirit still de 7 hecto.
 
On connaît bien votre expertise du vieillissement mais quel est le style de votre distillat  ?

En distillation, nous essayons de descendre assez bas pour recueillir un cœur entre 60 et 65%, l’idée c’est de ne jamais avoir à réduire.
On commence à recueillir le distillat autour de 80% et on coupe entre 40 et 45%, cela dépend des brassins. 
C’est en goûtant qu’on décide de couper ou non, nous n’avons pas automatisé nos alambics.
 
Pour des élevages courts il vaudrait mieux des cœurs plus élevés, mais nous on aime les vieillissements longs. 
On va donc chercher un distillat riche et chargé en arômes et on enfûte directement au degré de sortie d’alambic.

Pour le reste, ce qui est passionnant, c’est que d’une orge à l’autre on note des vraies différences entre les distillats !
D’ailleurs, nous prévoyons de travailler sur d’anciennes variétés d’orges.

Merci beaucoup Jean-Arnaud et bonne continuation à toute l’équipe !
 
 
 
The Unexpected N°2- 50% – Note de dégustation
 
Nez : Élégant, le nez s’ouvre sur des parfums d’amande en poudre (Massepain) accompagnée de délicates notes florales (aubépine) . Puis, les épices (muscade, badiane, Cannelle) prennent le relais et nous conduisent vers des notes classiques de Xeres (Raisin sec, noix ainsi que de subtiles notes de cacao). Complexe, le deuxième nez dévoile une ossature minérale (Graphite) et finement herbacé (orge fraichement coupé).
 
Bouche : L’absence de réduction permet d’obtenir un whisky particulièrement concentré et huileux. D’abord sur les fruits confits (écorce d’orange, raisin de Corinthe, figue) on retrouve ensuite de la pâte d’amande et des noisettes mariées dans de la crème au beurre parfumée au café (Moka). Contre toute attente, le malt d’orge frais reste présent témoignant d’un distillat de caractère
 
Finale : Longue et complexe, la finale est résolument oxydative. Des notes torréfiées et de bois de santal précédent des saveurs reglissés accompagnée d’un zeste d’agrumes. Après quelques minutes on profite encore de notes persistantes de gâteaux aux noix (cerneaux).
 
Conclusion : Un distillat de très grande qualité élevé par une maison dont l’expertise du vieillissement n’est plus à démontrer. Sublime !