Sous la houlette de sylvain Chiron, la brasserie distillerie du mont blanc a récemment embouteillé 4810, son premier whisky ! Retour sur une histoire qui débute il y a plus de 200 ans !
En 1821, un certain monsieur Rabenak dirige une brasserie à Sallanches, l’entreprise produit alors quelque 6 500 litres de bières par an. L’affaire sera reprise et développé par divers entrepreneurs tant et si bien qu’au début du 20 -ème siècle, la Brasserie du Mont-Blanc emploi une quarantaine de brasseur et produit désormais plus de 400 000 Litres de boisson fermentée par ans. La bière est alors stockée dans des cuves maintenues fraîches grâce à l’utilisation de la glace de l’étang à proximité ou, lorsque l’hiver n’est pas assez froid, grâce à la glace des Glaciers environnant.
Cependant, au milieu du siècle, l’arrivée de la grande distribution et de (très) gros acteurs chamboulent le marché de la bière et la plupart des microbrasseries mettent la clef sous la porte. Si en 1910, on comptait 2 827 brasseries en France, en 1960, il n’en reste plus que 70. En 1966, la brasserie du mont blanc stop toute activités et se lent déclin du nombre d’acteur se poursuit jusqu’à la fin du siècle. Pourtant, alors que l’ère des microbrasseries semblait définitivement résolue, quelques pionniers initient la contre-attaque. Parmi eux, des producteurs dont l’esprit d’initiative contribuera activement au développement du whisky français quelques années plus tard (Jean Michard, Christophe Fargier (Ninkasi), Bruno Mangin (Rouget de l’isle)). En 1999, un jeune savoyard apporte sa pierre à l’édifice en renouant avec le glorieux passé de la distillerie du Mont-Blanc.
Trois ans plus tôt, après avoir constaté l’émergence du mouvement des brasserie « craft » lors d’un voyage au Etats unis dans le cadre de ses études, Sylvain Chiron rentre en France pour s’associer à son cousin et reprendre la direction de la distillerie d’Eyguebelle, propriété des moines trappistes de l’abbaye cistercienne d’Aiguebelle. Après trois ans à remettre sur pied la distillerie, Sylvain revend ses parts et se lance dans un autre projet. Alors âgé d’une vingtaine d’années, le jeune homme estime qu’il est trop tôt pour la vie monacale ! Lorsque Sylvain Chiron rentre au pays (en savoie) et qu’il y découvre l’histoire de la brasserie du mont-blanc, c’est l’étincelle qui ravive un projet rester en gestation depuis son voyage outre atlantique : monter sa propre brasserie !
Après quelque péripéties, et notamment quelques démêlés judiciaire avec une célèbre marque de crème dessert, Sylvain reprend la marque Brasserie du Mont Blanc auquel il ajoute la mention de distillerie dès 1999. Depuis son expérience a Eyguebelle, le jeune homme souhaite à terme proposer des spiritueux. Cela dit, il faudra attendre 18 ans pour que la brasserie distillerie du mont blanc, désormais installée à La Motte Servolex, effectue ses premières distillation. Il faut dire que remonter une micro-brasserie au début du siècle est une activité prenante !
En 2017, Sylvain se rapproche d’Alban Perret (Ninkasi) puis, en 2018, de Bruno Mangin (Rouget de l’Isle) pour distiller différents assemblages de céréales. Finalement, Sylvain s’oriente vers la double distillation et noue un partenariat avec une distillerie charentaise. Parallèlement, il passe commande d’un alambic Stupfler qu’il installera sur le site de La Motte Servolex à des fins de R&D.
Pour l’élevage, Sylvain se rapproche de la Maison Dolin. Après une première maturation en Ex-Cognac ou Ex-Bourbon, le whisky est affiné dans des fûts de Vermouth. Un vieillissement atypique dans lequel le whisky de mont blanc va chercher son ADN montagnard et sa signature unique.
En 2022 sort 4810, le premier whisky de la brasserie-distillerie dont le nom fait référence à l’altitude du plus haut sommet de France. D’abord un single cask issu d’un assemblage de grain et d’un triple vieillissement en fut de Marsala, Bourbon & Vermouth, puis, un batch de 2300 distribué plus largement ! Note de dégustation :
Issu de trois malts différents, le whisky 4810 est obtenu par double distillation en alambic charentais suivi d’un élevage en fut de bourbon et de cognac et d’un affinage dans des barriques de vermouth Dolin. Cette première édition est limitée à 4000 bouteilles et offre une expérience sensorielle entre classicisme et originalité.
Dès le nez, les arômes de vanille se mêlent délicatement à des notes de poire, d’abricot et de miel, créant un bouquet aromatique séduisant.
En bouche, sa texture ronde et veloutée accompagne des saveurs de fruits jaunes (Pêche de vigne, brugnon) et de céréales (porridge), offrant un équilibre harmonieux.
En finale, l’affinage prend le dessus, les notes distinctives de vin cuit se marient avec des touches d’hysope et de rhubarbe, créant une conclusion persistante et originale.
Petit à petit, la brasserie distillerie du mont blanc se concentre sur la production de single malt. Des volumes plus conséquents devraient être rapidement disponibles. Pour Sylvain, une chose est sûre, le mouvement des distillerie Artisanal de whisky français est appelé à connaître le même succès que le mouvement des microbrasseries avant lui !
Puisse l’histoire lui donner raison !