Michel Couvreur : sous le signe de l’Hexagone

Fondé en 1990, la société Michel Couvreur Scotch Whisky Limited fait indéniablement partie des acteurs majeurs du whisky français, et ceci, bien avant de devenir officiellement une distillerie en 2022* .

Certes, jusqu’à récemment, la Maison proposait principalement des whisky écossais affinés en France, mais d’une part, le travail d’élevage de Michel Couvreur a indéniablement été une source d’inspiration pour nombre de producteurs de whisky français : si l’on peut élever un whisky avec succès en France, nul doute qu’on peut également le produire ! Et d’autre part, cela fait un moment que la société soutient le whisky français, notamment à travers l’achat de distillat.

En effet, dès 2010, la distillerie se positionne sur du distillat du domaine des Hautes Glaces, apportant un peu de trésorerie à la désormais bien connue ferme distillerie du Triève, qui en était alors au tout début de son histoire. Au fil des années, la maison Michel Couvreur se diversifie en achetant notamment à la distillerie du Vercors ou encore à la distillerie de Rozelieures, avant de produire ses propres distillats.

Il faut dire que diversifier les origines n’est pas un problème pour la maison familiale, car son identité tient avant tout dans sa maîtrise du vieillissement ! Une étape dans laquelle elle excelle, notamment grâce à l’utilisation de barriques de très grande qualité, majoritairement des ex-sherry. Mais attention, ici, point de fût issu de la filière d’« avinage », dont les profils aromatiques rappellent de plus en plus la sombre époque de la régénération des fûts à la Paxarette ; non, il s’agit de fûts ayant contenu de véritable sherry, obtenu grâce au méticuleux travail de sourcing de la maison. Une exigence dans le sourcing que l’on retrouve sur les autres types de fûts utilisés par la maison !

Le chai (intensément) humide de la maison

L’autre aspect majeur dans la maîtrise de l’élevage façon Michel Couvreur tient à l’utilisation de trois lieux distincts : un chai sec, un chai humide et un troisième chai unique au monde où tous les whiskies embouteillés par la maison feront au moins un passage de quelques mois. Ce lieu particulièrement humide a été creusé à même la roche par Michel Couvreur et Jules Chauvet, père du whisky naturel. Cette cave présente une hygrométrie telle que, dans certains recoins, le whisky perd jusqu’à deux degrés d’alcool par an !

Récemment, la Maison Michel Couvreur a lancé le whisky Hexagone, une parfaite synthèse de son implication dans la filière whisky française, de sa maîtrise de l’assemblage et du vieillissement.

Issu de l’assemblage de 5 fûts de trois distilleries françaises différentes (détails sur la contre-étiquette), Hexagone tire parti de la distillerie du Vercors (S) et de son distillat basse température qui apporte de la délicatesse, du domaine des Hautes Glaces (D), via de vieux millésimes notamment, pour gagner de la structure et de l’épaisseur, et enfin, de Rozelieures (R) qui apporte ici une pointe de tourbe !

Limité à 1400 bouteilles et 36 Magnums, ce Blended Malt français dévoile un profil particulièrement riche et de saison !

 

Nez : Elégant et expressif, Hexagone s’ouvre sur des arômes de fruits secs et de miel doublé de notes légèrement tourbées et maltées. Des touches de figue séchée et de pêche se mêlent aux parfums de foin fraîchement coupé, relevées par une pointe de vanille et de muscade.

Bouche : Riche et gourmande, la bouche s’ouvre sur des pain d’épice et du caramel blond, soutenues par un boisé léger. Des nuances de noix, de noisette, de raisins secs, de datte et de pâte de fruits rouge apportent profondeur et complexité. Du reglisse et une pointe mentholée prennent le contrepied et équilibre le profil en apportant de la fraicheur !

Finale : Longue et harmonieuse, marquée par un retour sur le malt et les épices avant de s’effacer sur une subtile note iodée, des arômes de torréfaction et quelques volutes de fumée.

L’approche de la maison Michel Couvreur, qui fait voyager les eaux-de-vie à travers différentes barriques et chais pendant leur vieillissement, n’est possible qu’à une échelle artisanale. C’est là encore une illustration de la force du whisky français : grâce à sa taille, il permet de produire des whiskies uniques, porteurs d’une personnalité et d’une finesse que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

En somme, l’artisanat et le whisky français vont de pair, et c’est cette alliance qui constitue véritablement l’ADN de la filière ! D’autant que le savoir-faire de l’élevage se combine ici avec l’exigence de trois distilleries française incontournable.

 

*Pour en savoir plus sur la distillerie, lire l’article : https://whisky-francais.com/index.php/2022/05/08/the-unexpected-n2-discussion-avec-jean-arnaud-frantzen/

**Photo de couverture : Jean-Arnaud Frantzen, maître de chai (à gauche), et Cyril Deschamps (à droite), gendre de Michel Couvreur et directeur.