« Nous entrons dans le Yeun Elez, dit-il à Jobic. Quoi que tu entendes, ne détourne pas la tête. Il y va de ta vie en ce monde et de ton salut dans l’autre.»
A. Le Braz, La Légende de la mort en Basse-Bretagne, 1893.
C’est au cœur du parc naturel d’Armorique que s’étend le ‘Yeun Elez’, un vaste espace marécageux que la légende bretonne dit constituer les « Portes de l’enfer ».
On vous laisse découvrir tout les détails de cette sombre histoire ici, pour notre part, nous allons nous attarder sur le whisky éponyme avec David Roussier directeur de la distillerie Warenghem.
Bonjour David, vous venez d’embouteiller ton premier whisky intensément tourbé. Peux-tu nous le décrire brièvement (céréales, levures, distillations, fûts) ?
Pour ce whisky Breton Single Malt, nous avons utilisé du malt tourbé écossais 50 ppm (Crisp Malts). Il a été brassé et fermenté 3/4 jours selon notre processus habituel. Pour la distillation, nous avons cherché à avoir une tourbe sèche avec le fruité et la rondeur caractéristique d’Armorik, donc nous sommes restés sur des coupes assez hautes.
Il a ensuite vieilli 3 ans dans des fûts peu actifs (3ème remplissage bourbon) et un peu de ex-fûts de sherry pour le côté oxydatif (pas le goût sherry). L’idée était vraiment de mettre en avant le distillat pur avec très peu d’influence du fût.
Au final, nous avons quelque chose de très aromatique entre la tourbe et le fruit, avec toujours beaucoup de gras et de rondeur.
Le nom de ce nouveau single malt n’est pas anodin, comment l’avez-vous choisi ?
Yeun Elez est le nom d’une ancienne tourbière Bretonne, qui était encore exploitée au 20ème siècle, et qui de plus, se situe dans les Monts d’Arrée au milieu du Parc Naturel d’Armorik. Quand nous avons découvert qu’elle était le berceau de nombreuses légendes Bretonnes (Ankou, chien noir, korrigan…), nous nous sommes dit qu’il y avait quelque chose de sympa à faire.
Du coup, le packaging a été complètement imaginé autour de ça et présente la légende de Tadic-Coz.
S’agit-il d’une gamme permanente ? Y aura-t-il d’autre variations autour de Yeun Elez ?
Nous voulons en faire une gamme permanente, qui pourrait se développer en parallèle d’Armorik. Elle sera forcément un peu limitée en volume (nous ne distillons du tourbé que 15 jours dans l’année). L’expression Jobic est la première de la liste, mais elle sera suivie probablement par une expression Tadic-Coz, (pourquoi pas en brut de fût !).
Et puis, nous nous sommes amusés à mettre du whisky tourbé dans plusieurs types de fûts amusants, donc la gamme sera évolutive !
On a hâte ! Merci David.
Côté dégustation, Yeun Elez n’a rien à envier au « peat monster » d’Islay !
Le nez présente une tourbe grasse, médicinale et camphrée. Elle se double de parfums de citron confit, de zeste d’orange et de cire d’abeille.
En bouche, le whisky est huileux et enveloppant, la fumée se dissipe sur des arômes d’algues, de pains aux cercles et d’iodes. Là aussi, les agrumes apportent de la fraicheur et du fruité !
La finale, quant à elle, est longue et épicée. On retrouve les notes de tourbe fraiche puis, après de longues minutes, il subsiste de belles notes de cendres chaude.
Warenghem signe ici un superbe whisky pour les amateurs de grosse tourbe !
yecʼhed mat