Créée en 1986 par Guy Le Lay, alors professeur de mathématiques, la Distillerie des Menhirs se lance dans le whisky en 1999.
Après vérification avec les douanes, et afin de porter haut et fort les couleurs de la Bretagne, la distillerie opte pour l’utilisation du blé noir. Un choix lourd de conséquences car c’est une céréale (une Polygonacée en fait) dont le rendement est nettement inférieur à l’orge (1,3 kg pour une bouteille contre 0,8 kg pour un whisky d’orge).
En 2002, la distillerie lance le premier whisky 100% blé noir au monde avec EDDU Silver.
18 ans plus tard, il est temps de se refaire une beauté avec un changement de look particulièrement attendu. Ainsi donc, la gamme de la distillerie des menhirs passe des bouteilles longues et fines à des flacons plus trapus. En fait, la distillerie est repartie du design d’Éd Gwenn, son whisky d’orge pour l’étendre au reste de la gamme.
Mais ce changement d’apparence cache des modifications plus profondes.
En effet le EDDU Silver, élevé pendant 5 ans en fût de cognac passe de 40% à 43% vol.
De même, le Silver Brocéliande devient le Brocéliande tout court et il gagne lui aussi 3% au compteur. Rassurez-vous cependant, les fûts neuf de chênes de Brocéliande sont toujours préalablement bénis par des druides et orné d’une image de Merlin l’enchanteur !
L’Eddu Gold, qui a passé 10 ans en fut de cognac était déjà à 43% c’est pourquoi il ne subit pas de modification substantielle. Tout comme Ed Gwenn qui reste un whisky d’orge cru distillé en colonne, élevée en fût de chêne roux et embouteillé a 45%
Ces petites variations de degré peuvent paraître anodines et pourtant elles ont un impact non négligeable sur la perception du gout et de la texture du whisky.
Si vous pensez que le degré d’alcool importe peu, passons tout de suite à la dernière nouveauté, le EDDU 2015 cuvées fût de Bourgogne qui affiche un taux d’alcool de 54%.
Après 5 ans de fût de Cognac, ce pur blé noir va passer un an dans des barriques de bourgogne Clos Vougeot (cépage pinot noir).
L’alcool y est parfaitement intégré, notamment grâce aux méthodes de réduction lente issue du savoir-faire cognaçais.
Le whisky affiche au nez de superbes arômes de pâtes de fruits (Orange, abricot, mure). En bouche les fruits noirs se mêlent aux épices (poivre) et la finale, longue et tapissante, revient sur les gâteaux aux fruits et sur la matière première.
L’ajout d’un trait d’eau (et donc la diminution du degrés) va modifier l’équilibre aromatique du whisky de sorte qu’on en ressente plus intensément les aromes. Ceci notamment car les esters sont des molécules amphipathiques (c’est à dire constituées de parties hydrophobes et hydrophiles) et donc particulièrement sensible à la présence d’eau. (Et à la température, voir article ci-dessous)
La distillerie regorge de pépite et d’affinage originaux qui devrait nous conduire tranquillement jusqu’en 2022, date à laquelle la famille Le Lay nous réserve une surprise pour fêter les 20 ans d’EDDU, le premier whisky de blé noir au monde.
(©Photo fournie par la Distillerie des menhirs)
Pour poursuivre sur les conditions de dégustation :
De l’Importance de la Température dans la Dégustation: Saveurs & Perception.