Rozelieures, une ferme-distillerie tournée vers l’avenir

A compter d’Avril 2024, la ferme-malterie-distillerie de Rozelieures augmentera considérablement sa capacité de production consolidant ainsi son statut d’acteur majeur du whisky français. Avant d’entrer dans les détails, faisons un rapide retour sur l’histoire de la première distillerie de Lorraine 

Maîtriser 100% de la production

C’est à la la fin des années 1990 que Sabine Grallet, fille d’Hubert Grallet et représentante de la cinquième génération, associée à son époux Christophe Dupic, ingénieur agronome, décident de reprendre les rênes de la distillerie familiale.

Fondée à la fin du 19e siècle la distillerie Grallet produit alors des eaux-de-vie de fruits et en particulier de la mirabelle, pourtant, en fin de journée, c’est autour d’un whisky que Christophe Dupic et son beau-père aime échanger.  “Nous avons de l’orge et l’eau pure des sources des Vosges, nous pourrions faire du whisky !”  s’amuse à imaginer les deux hommes. 

Le temps passant, ce qui apparaissait comme une boutade inconcevable devient de plus en plus crédible et au retour d’un séjour en Écosse, en 2002, Christophe achève de convaincre sa femme et son beau-père de se lancer ! L’ objectif à terme est de maîtriser 100% de la production de l’eau de vie de malt. La distillerie dispose certes de deux alambics et de plusieurs hectares de culture d’orge mais entre la production d’eau de vie de fruits et de céréales, il y a quelques différences qu’il va falloir maîtriser !

La ferme distillerie de Rozelieures

D’abord, le brassage. Confronté à la nécessité de maîtriser la fabrication du Wash, Christophe se rapproche de l’IFBM pour se former et produire le premier moût de la distillerie. Par la suite, le partenariat avec la brasserie Maeyaert garantit un approvisionnement régulier en Wash jusqu’en 2008, année où la distillerie est prête à franchir un nouveau cap en intégrant l’activité de brasserie sur le site de Rozelieures.

Ensuite le maltage. Dès lors que le brassin est produit sur place, la maîtrise du maltage devient alors un objectif essentiel pour garantir la traçabilité complète du whisky. En 2012, la famille Dupic s’associe, entre autres, à la famille Giraud et à la société SVE pour donner naissance à la Malterie des Hautes-Vosges qui voit le jour en 2017. D’une capacité de 1 100 tonnes annuelles, la toute nouvelle malterie permet à Christophe et son équipe de suivre ces céréales du champ à la bouteille et d’explorer la grande diversité des sols de Rozelieures : argilo-calcaire, limoneux, volcanique, argileux-sableux etc…

Christophe Dupic dans la salle des alambics

Un nouveau chapitre

Loin de se reposer sur ses lauriers, la distillerie Lorraine souhaite poursuivre son développement sur le marché national mais aussi à l’export. Pour cela, la distillerie triple ses capacités de production, passant de 200 000 litres à 560 000 litres d’alcool pur par an. Une saut qui nécessite des investissements à divers étapes de la production pour un total de 15 millions d’euros !

Si les 300 hectares de cultures d’orges suffisent à alimenter la distillerie, il a d’ores et déjà fallu augmenter les capacités de la brasserie en y ajoutant plusieurs cuves de fermentation permettant d’augmenter la production de 3 à 5 brassins par jour. 

Coté distillerie, au deux alambics charentais déjà présent, un wash still de 30 HL chauffé à la vapeur et spirit still de 15 hl chauffé au gaz,  s’ajoute deux autres alambics, plus gros (50 et 25hl) mais dont la forme et les modes de chauffe reste identique afin de conserver le style de rozelieures. Notons tout de même le remplacement de la chaudière qui constitue un investissement à la hauteur des économies d’énergie qu’elle permet.

Côté chai aussi,  la distillerie s’agrandit. Au 4 stockage déjà présent s’ajoute un nouveau semi enterré sous la distillerie qui sera opérationnel d’ici la fin du mois tandis que deux autres verront le jour dans les prochaines années.

Les chais de la malterie ouvert en 2017

Enfin, l’investissement porte aussi sur l’humain (quatre à cinq emplois créés), sur le stock et sur l’investissement en barriques. A ce sujet, la distillerie poursuit son exploration du terroir sous une autre forme puisqu’elle utilise des chênes fûts de chêne de Meurthe-et-Moselle* pour la confection de ses fûts neuf !

La ferme distillerie du XXIe siècle 

Toutes ses améliorations se font dans une démarche éco-responsable et socialement utile. Bien entendu, à Rozelieures, le circuit court est une évidence puisque la distillerie est l’une des très rare au monde à maîtriser toutes les étapes de production en propriété : céréales, maltage, brassage, distillation, vieillissement et jusqu’à la valorisation des forêts attenante pour leur barriques neuve

Passionné de whisky mais aussi de science et de technique, Christophe Dupic porte une attention toute particulière à l’empreinte écologique de la distillerie. Ainsi en 2008 il installe 160m2 de panneaux solaires sur le toit de la distillerie. Puis en 2013, il s’associe à deux éleveurs locaux et investit 2 millions d’euros pour construire une unité de méthanisation qui valorise les déchets de la distillerie tout en produisant l’énergie thermique et mécanique qui permet (entre autre) de chauffer l’eau nécessaire au brassage et à la distillation et d’alimenter en électricité la distillerie.

Enfin,  la distillerie continue de jouer un rôle essentiel dans la création d’emplois en milieu rural, générant 15 emplois permanents annuels ainsi que 80 emplois saisonniers locaux pendant les périodes de récolte. Elle favorise également la création d’emplois indirects en faisant appel à des prestataires locaux pour la fourniture d’étiquettes, d’emballages, de tonneaux, etc. ainsi qu’en engageant des entreprises locales pour la construction de nouveaux chais.  

En somme, la distillerie est en phase avec les enjeux de l’époque de sorte que, boire un verre de Rozelieures, soit bien plus que déguster un simple whisky !

L’unité de méthanisation de la distillerie témoigne de son engagement RSE


Retrouvez Rozelieures les 6 et 7 Avril prochain a MALT IN FRANCE – LE PREMIER SALON 100% DÉDIÉ AU WHISKY FRANÇAIS


* La Meurthe-et-Moselle est recouverte à 32% de forêts, soit environ 58 000 ha dont 98% sont éligibles à l’exploitation.