La brasserie La Calade

Dans deux précédents articles * nous racontions comment le fait de dissocier le brassage de la distillation pouvait constituer un modèle de production alternatif passionnant en France. La brasserie La Calade illustre parfaitement la créativité permise par ce mode de production, on vous raconte !

Tout commence en 2015, lorsque Vincent Laudescher découvre l’univers du brassage grâce à des cousins brasseurs originaires d’Alsace. Il se passionne rapidement et produit ses premiers brassins. Puis en 2016, décide de se lancer pour de bon et ouvre sa propre microbrasserie à Sanilhac.

L’idée du whisky germe un peu plus tard, alors qu’il accompagne un ami vigneron chez Luc Boechat, un distillateur installé à Molières-sur-Cèze (Gard), avec qui ils font distiller du marc de raisin. Après réflexion, Vincent propose à Luc de distiller des Wash de sa fabrication et, en 2019, les deux hommes décident alors de se lancer dans l’élaboration d’un whisky, ou plutôt, de plusieurs whiskies, et ceux à raison d’un fût par an !

La première année, ils ont distillé un single malt composé à 100 % de malt pale ale en provenance de la malterie Weyermann, vieilli en fût de vin blanc. L’année suivante, en 2020, les deux hommes brasse et distille un assemblage de seigle (62 %) et de malt pale ale (38 %), également vieilli en fût de vin blanc. Ces deux whiskys ont d’ores et déjà vu le jour et quelques bouteilles du Rye whisky sont encore accessible à la brasserie !

Hans Rye – Assemblage de seigle (62 %) et de malt pale ale (38 %), vieilli en fût de vin blanc – 45,4%

Nez : Le nez s’ouvre sur un bouquet herbacé intense, dominé par le seigle avec sa tige et du foin fraîchement coupée. Les épices s’emmêlent à travers des arômes de noix de muscade et de curry. En arrière-plan, une légère touche fruitée s’invite, évoquant des reine-claude encore vertes et des pommes Granny Smith.

Bouche : La bouche révèle une texture plus souple qu’imaginé. Les saveurs évoquent un pain de seigle rustique nappé d’une confiture de prune. Puis, des saveurs de gâteau aux noix précède une montée en puissance sur un registre épicés avec des notes de poivron et de poivre blanc.

Finale : La finale est particulièrement longue, toujours sur les épices mais accompagnée par des notes de fleurs blanches (Lys). Dans un second temps, une amertume s’installe à mi-chemin entre le zeste de pamplemousse et des notes vertes végétales (radis)

Et l’avenir s’annonce prometteur ; et varié ! En 2021, Vincent et Luc ont exploré des saveurs plus intenses avec un mashbill composé d’une orge tourbée (60 %) légèrement adouci par du malt Pale Ale (40%), le tout élevée dans un fût de Sherry (Fino).

L’année 2022 a marqué un tournant plus original encore, avec un assemblage de petit épeautre local (60 %) et de malt pale ale (40 %), vieilli dans un fût de vin blanc Gros Manseng.

En 2023, retour sur la tourbe mais cette fois ci franchement puisqu’il s’agit de 100 % orge tourbée « heavily peated » et pour le vieillissement, Vincent utilise un ex-fût de Rye maison puisqu’il s’agit de la barrique que nous venons de déguster !

Enfin, l’année dernière, la brasserie a renoué avec le single malt non tourbé (100 % Pale Ale), mais cette fois-ci, le vieillissement s’est effectué dans une barrique ayant contenu une eau-de-vie de poire alsacienne !

In fine, la brasserie La Calade incarne parfaitement le charme du whisky français : une approche authentiquement artisanale et des cuvées qui évoluent chaque année, explorant et repoussant sans cesse les limites de l’univers aromatique du whisky.

Pour aller plus loin, découvrez la fiche producteur La Calade

 

* Un autre modèle de production – Les distilleries Ambulantes

Un autre modèle de production – Salem Brewing co et les spécialistes du Wash