SKILT : La Roche aux Fées repense son image pour mieux incarner son terroir

Installée à Sainte-Colombe, près de Rennes, la Distillerie de La Roche aux Fées trouve ses origines en 2000, lorsque Gonny et Henri Everts, venus des Pays-Bas, choisissent de s’installer en Bretagne.  Très vite, Gonny quitte son métier d’infirmière pour fonder la Brasserie Sainte-Colombe, Henri la rejoint rapidement dans l’aventure et ensemble ils rencontrent un véritable succès local. En 2010, ils franchissent un nouveau cap en se lançant dans la distillation de whisky avec l’aide d’un distillateur ambulant, avant de se former sur un rare alambic Coyac acquis en 2015 — grâce à l’expertise de Gilles Boudier, l’un des derniers distillateurs à maîtriser les secrets de cette ingénieuse machine ! (Voir : COYAC, l’alambic de la roche aux Fées )

Aujourd’hui, la distillerie artisanale entame un nouveau chapitre de son histoire. Avec une identité visuelle repensée et une gamme clarifiée, elle affirme plus que jamais sa singularité dans le paysage des spiritueux whiskies artisanaux : Rencontre avec les fondateurs, Gonny et Henri Everts.

Avant de fonder la distillerie La Roche aux Fées, vous étiez à l’origine de la brasserie Sainte Colombe. Quel savoir-faire brassicole avez-vous pu transposer dans la production de whisky ? Utilisez-vous des méthodes similaires en termes de brassage et de fermentation ?

Pour avoir un wash de qualité, il faut bien maîtriser le brassage. Notre expérience dans la fabrication de bière depuis 1999 est un grand avantage. Nous utilisons l’ancienne salle de brassage de la brasserie sur le lieu de la distillerie, à Sainte-Colombe.  Le wash y est brassé et fermenté pendant une semaine avec deux souches de levure fraîche, signature de la bière Sainte Colombe. Ces levures donnent beaucoup d’arômes à nos whiskys !

La distillerie a récemment repensé son identité visuelle, et deux références sont désormais proposées sous le nom Skilt. Que signifie ce nom et quelle en est l’inspiration ?

SKILT veut dire « schiste » en Breton. La distillerie se situe au cœur du Pays de la Roche aux Fées, en Bretagne, à Sainte-Colombe. Cet endroit est une terre réputée pour ses mégalithes : dolmen et menhirs en schiste pourpre. Cette pierre est également omniprésente dans l’environnement de la distillerie, comme par exemple dans les bâtiments sur le lieu de production.

Pourriez-vous nous présenter Roc’elf, dont le nom évoque le célèbre dolmen de la Roche aux Fées ? Quel type d’orge utilisez-vous ? Quels sont les types de fûts employés pour son vieillissement ?

Roc’elf est un whisky single malt, élégant et aromatique, en vente depuis 2015. Celui-ci est distillé avec un alambic à repasse Nantais « Coyac », de 1950, unique en son genre, garant d’une lente chauffe directe à feu nu aux granulés de bois. Nous utilisons du « distilling » malt, variété Lauréate, cultivé en France. La fermentation se fait avec les deux souches de levure fraîche de bière.

Notre eau-de-vie est vieillie au moins cinq ans en fût de chêne. Tout d’abord en fûts de vin blanc (Coteaux de Layon, Sauternes, Monbazillac), ensuite dans des fûts Bourbons ou dans des fûts ayant été utilisés pour la bière Vin d’Orge.

Le Roc’Elf est un assemblage d’environ six fûts. Nous ne souhaitons pas un whisky très boisé : il faut que les arômes de nos levures fraîches restent perceptibles.

L’Alambic COYAC © Darmesh Varane : https://www.darmeshvarane.com/

En ce qui concerne L’Onm Fort, son nom semble également faire référence à une construction néolithique. Est-ce bien le cas ? Comment ce whisky est-il élaboré, et d’où provient la tourbe utilisée dans sa fabrication ? 

L’Onm Fort est le nom d’un menhir de 3 mètres de hauteur, se trouvant dans une forêt près de la distillerie. Il s’agit de notre whisky single malt tourbé, disponible depuis fin 2022. Le côté « peated » est présent tout en restant délicat. Notre malt tourbé est acheté en Ecosse, chez Crisp, une valeur sûre.

La distillation et le vieillissement en fûts se déroulent comme pour le Roc’Elf.

Peut-on s’attendre à voir apparaître de nouvelles références dans la gamme, à court ou moyen terme ?

On adore travailler et faire des produits à base de céréales, comme pour les bières.

En plus de Roc’Elf et de L’Onm Fort, nous avons également deux autres whiskys originaux à base de différentes céréales en cours de vieillissement. Et aussi une nouvelle idée en tête dont nous ne pouvons pas dire davantage de suite, mais nous en reparlerons bientôt !

Enfin, quels sont les projets à la distillerie ?

Nous ne souhaitons pas devenir une grande distillerie dans sa taille, mais rester artisanale, remarquée par ces whiskys fins et aromatiques.

On va aussi remettre en route un deuxième alambic « Coyac », dont nous sommes de grands admirateurs.

Merci Gonny et Henri !

 

Skilt – Roc’elf (2025)

Robe : Ambre légèrement trouble, reflet naturel de l’absence de filtration à froid.

Nez : Riche et gourmand. De belles notes de raisins bien mûrs, de coings et d’abricots se mêlent à des arômes de foin fraîchement coupé et d’orge maltée.
A l’aération, le profil gagne en complexité, dévoilant des accents de bonbon miel-citron, de pamplemousse rose et une touche florale (jasmin) qui apporte fraîcheur et élégance.

Bouche : La texture est onctueuse, presque huileuse. Le palais confirme les promesses du nez : fruits jaunes (abricot, coing), miel doux, et une belle expression des marqueurs aromatiques du Coteaux du Layon. L’ensemble est harmonieux, parfaitement équilibré entre sucrosité et fraîcheur.

Finale : Longue et délicate, elle évolue vers des notes de pommes aux fours avant de s’effacer sur une empreinte nette d’orge malté.