L’amphore, le vin et le whisky !

Lors d’une précédente discussion avec Aymeric Roborel de Climens (www.roboreldeclimens.com), l’œnologue et affineur de whisky français nous avait annoncés travailler sur une finition inédite dans le monde du whisky ! 

Le premier whisky affiné en amphore

Son dernier whisky a tout d’abord connu une première maturation dans du chêne français neuf (20%) et du chêne français de second remplissage (80%). Après trois ans, l’eau-de-vie a donc naturellement obtenu l’appellation whisky ! Puis, en décembre 2019, Aymeric a transvasé le whisky dans une amphore de terre cuite de 150 litres ayant contenu du cabernet Franc (cuvée 5 sens de chez Jérôme BRETAUDEAU en Muscadet). Après dix mois, le nectar était prêt à être embouteillé.

Les amateurs de vins le savent bien, depuis quelques années, on assiste au retour des amphores dans le monde viticole. (Il ne s’agit pas d’amphore stricto sensu, c’est a dire de « Vase antique à deux anses, pansu, à pied étroit » mais plutôt de grandes jarres sans anses en terre cuite).

Ces contenants, courant en Géorgie, sont depuis peu utilisé dans les vignobles occidentaux , et ce, que ce soit pour la vinification ou pour l’élevage du vin. Vous l’aurez compris, c’est de ce second usage dont nous allons parler ici ! (à Priori le whisky ne se vinifie pas !)

Atelier de production d’amphore à usage viticole (crédit : winameety.com)

Contrairement au bois, la terre cuite est une matière neutre sur le plan aromatique, dès lors, qu’est-ce que cet affinage peut apporter au whisky ?

Les arguments couramment utilisés en faveur de l’amphore sont l’oxygénation (la terre cuite est poreuse), l’inertie thermique et la diffusion des particules favorisées par la forme ovoïdale du contenant. 

Il n’y a pas de raisons pour que ces paramètres n’agissent pas sur le whisky comme ils agissent sur les vins. En particulier l’oxygénation. Pour s’en convaincre, je vous invite à vous servir un verre de whisky et a n’y revenir que le lendemain, ou mieux, à gouter le « Finition cabernet franc 2016 », un brut d’amphore à 51%. de chez ARC.

Nez : Boisé, le nez est d’abord très fruité, il présente des senteurs de raisin de Corinthe, de pomme rouge, d’orange sanguine et de zeste de clémentine. Puis on évolue vers les bonbons (Cola et Arlequin) avant de retourner vers le malt légèrement torréfié. À l’aération on perçoit également des notes pâtissières (cacao, pain aux raisins), puis on rebascule vers un registre plus floral (Violette). Une véritable balade aromatique.

Bouche : L’alcool est parfaitement intégré. La bouche présente des notes de caramel toasté, de pomme au four et de poivre blanc. On distingue également des notes d’argile humide (l’amphore est elle vraiment neutre sur un alcool fort ou est-ce le pouvoir de la suggestion ? ). Un boisé léger s’accompagne de notes de tabac blond et de fruits noirs (mûre, cassis).

Finale : Longue et plaisante, on retrouve des notes de bonbon pour la toux, suivi de notes de cuir et d’épices douces.

Conclusion : L’affinage fonctionne à merveille, le whisky est très riche et semble évoluer en permanence, l’affinage en amphore mérite qu’on si attarde !