2022 – Vers une IG Whisky de France !

Alors que nous approchons de la fin d’année, nous avons contacter la fédération du whisky de France pour faire le point sur le whisky français et discuter des défis à venir !

La présidence de la fédération a changé récemment, c’est désormais Christian Bec de la distillerie TWELVE qui occupe le poste.  On pose donc trois questions à Christian BEC, président de la fédération du whisky de France :

  1. Bonjour Christian, pouvez-vous nous donner un état du paysage actuel ? nombre d’acteurs (Distillerie et négociants) ? Volume des ventes ? Volume de production ?

Pour avoir un panorama, non exhaustif mais pas trop mal, vous trouverez ci-dessous les cartes identifiants nos adhérents et leurs marques.

Bien sûr, les 99 distilleries aujourd’hui en activité en France (dont seulement 56 commercialisent déjà au moins un whisky) et les 56 affineurs/embouteilleurs ne sont pas tous adhérents de notre Fédération, mais la très grande majorité de la production française de l’année est bien issue de nos adhérents, tout comme l’essentiel des 1 100 000 bouteilles de whisky Français vendu en 2020 (contre environ 100 000 en 2000 …).

Environ 2 000 000 de litres d’alcool pur auraient été produit en France en 2020 pour devenir du Whisky à terme. Cela correspond à quatre fois le volume des ventes de l’année passée. C’est une bonne chose car cela signifie que les producteurs constituent des réserves, or l’histoire du whisky nous a montré que la question des stocks était cruciale !

  1. Quels sont les principaux défis pour la fédération du whisky de France dans les prochaines années ? Une IGP whisky français ?

Pour les défis, le premier et le plus important, c’est évidemment une IG Whisky de France pour protéger nos adhérents des « indélicats », ceux qui font croire qu’ils produisent en France, alors que la provenance de leurs distillats est parfois douteuse … Cela devrait être chose faite avant la fin 2022, car le dossier est déjà bien avancé.

Dans la proposition actuelle, nous avons placé le curseur au niveau de la brasserie, c’est-à-dire que pour être Français, un whisky devra être brassé, fermenté, distillé et vieillie au moins 3 ans sous fût de chêne en France.

L’objectif recherché par la fédération est de ne pas brider la créativité des différents producteurs dans l’élaboration de leurs produits, tout en donnant un cadre permettant d’éviter l’arrivée de produit bas de gamme, issue de pays à bas cout, qui viendrait concurrencer nos produits étiquetés France de façon déloyale.

Par ailleurs, nous souhaitons que les IGP whisky Alsacien et whisky Breton puissent être incluse dans le cadre de la nouvelle IG nationale, … car pour encore au moins quelques années, la Bretagne et l’Alsace font bien partie de la France  !

Une fois cette IG en place, notre but et de nous concentrer sur un second objectif : rassembler 99% des acteurs sérieux dans la fédération du whisky de France.

 

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Des stocks se constituent dans les chais de whisky français
  1. Pour s’imposer comme une nation du whisky, la France devra convaincre les marchés extérieurs, pensez-vous que le whisky français suivra le modèle du cognac, fer de lance du savoir-faire français, dont plus de 95% du volume part à l’export ou plutôt le modèle de l’armagnac, plus confidentiel et résolument artisanal ?

L’un des facteurs qui expliquent la différence entre ces deux eaux-de-vie, c’est qu’historiquement, les Armagnacais n’ont pas voulu dépendre de réseau de distribution fort, préférant assurer la commercialisation eux-mêmes, cela permettait notamment de ne pas diluer leur marge.

Les Cognaçais, en revanche, ont préféré se concentrer sur le métier de producteur en laissant la responsabilité de la commercialisation à d’autres. Cela étant dit, en Charente aussi il y a des petits producteurs qui commercialisent en direct. Cette segmentation a permis au cognac de se développer là ou l’armagnac est resté plus artisanale.

Je pense qu’in fine, le whisky français sera plus proche du modèle cognaçais mais en conservant une présence forte sur le marché domestique (après tous les Français sont les plus grands buveurs de single malt au monde). Il y aura des gros qui se concentreront sur la production et qui confiront la commercialisation à d’autres, que ce soit sur le national ou à l’export, et des plus petits qui resteront définitivement artisanaux.

Enfin, je pense que le spiritourisme jouera aussi un rôle important dans le développement du whisky français.

Merci Christian, une chose est sûre, le whisky français entre dans une nouvelle phase de son développement, après 35 ans d’expansion et d’expérimentation, l’arrivée de volume plus important devrait pousser le marché à se structurer et le whisky français à sortir des frontières régionales voire national.

Cela s’annonce passionnant !