2 Litres d’Armorik pour la (Good)planet

Il y a 40 ans, Gilles Leizour, ancien pharmacien ayant récemment repris les rênes de la distillerie Warenghem, lisait un article dans le monde dont un passage fut pour lui une révélation, un déclencheur, et si il produisait du whisky !

Le personnel de l’Élysée faisait remarquer que tous les produits consommés étaient français, même – pour la première fois – un whisky fabriqué en Ille-et-Vilaine sous la marque  » le Biniou « . Le scotch tricolore, symbole ambigu de la reconquête du marché intérieur ?


Le Monde du 16 juillet 1983

Après quelques essais et un premier blend lancé en 1987, Gilles investi dans une véritable distillerie de whisky. Pour son Wash still, il s’inspire de Glenlivet, pour le spirit still, de Balvenie et de la toute jeune distillerie Kininvie. À partir de 1994, il démarre la production d’Armorik, le premier single malt français qui verra le jour en 1998 !

A gauche le Wash still, à droite, le spirit still. Crédits : © Darmesh Varane : https://www.darmeshvarane.com/

À l’époque, la catégorie ne bénéficiait pas de la bienveillance dont elle jouit aujourd’hui, bien au contraire. Conserver du stock ne paraissait pas être la priorité c’est pourquoi les whiskies français du début du millénaire sont une rareté absolue ! Seule la distillerie des Menhirs (Eddu Graal), la distillerie Rouget de l’isle (Blavier 2003 VF) ainsi que les distilleries Bertrand et Nusbaumer (ayant repris le stock de Holl) conservent quelques pépites d’une époque où la France comptait à peine une dizaine d’acteurs, muent par la passion et le désir d’explorer une nouvelle approche du whisky.

C’est deux précieux litres d’une de ces licornes que David Roussier, actuel directeur de la distillerie Warenghem, a confié à Fine Spirit Auction pour la vente solidaire de 2023 dont les bénéfices iront à la fondation GoodPlanet*.
Distillé en juillet 2002, le fut numéro 3268 est un ancien de fût de Xérès Oloroso de second remplissage.


Nez : Profond, le nez s’ouvre sur des notes de cire à bois et de pâtes de fruits évoluant progressivement vers des arômes subtils de noix et de pruneaux d’Agen. Une touche de rancio apporte de la complexité, tandis que des effluves de bois noble et d’encens traduisent l’ancienneté de ce lot d’exception.

Bouche : Puissante est épicée, l’attaque en bouche et rapidement tempéré par des saveurs intenses de pâtisserie (moka). De l’orge torréfié, des notes de reglissés et une subtile fraicheur mentholée apportent de la profondeur et de la complexité. L’équilibre entre la puissance et la richesse des saveurs est impeccable, créé une expérience gustative d’une intensité remarquable.

Finale : La finale laisse une légère amertume en bouche à mi-chemin entre le zeste d’agrume et le cacao en poudre. Interminable, l’expérience se prolonge avec des notes de camphre et de café fraichement torréfié. Là aussi l’équilibre entre fraicheur et boisé est d’une élégance rare !

La vente Solidaire se poursuit jusqu’au 3 novembre sur finespirits.auction.fr et pour ceux qui ont le temps, il est aussi possible de se porter sur un fût de Kornog de 25 Litres réalisée par la tonnellerie artisanale bretonne Le Floch à Lannion et incorporant 50 % de douelles de fût de bourbon First fill et  50 % de second fill. La barrique sera élevée dans le chai humide de la distillerie bretonne et l’acquéreur pourra faire embouteiller ce Kornog unique au bout de 3 ans, avec un maximum de 5 ans ! La patience est de mise donc, mais après tout, le whisky est une industrie du temps long !

* La Fondation GoodPlanet déploie différents programmes de sensibilisation et de terrain en faveur de l’écologie et du vivre ensemble.