Distillerie du Drac : A la frontière du son et du whisky

Depuis 2015, Dorian Vieux-Pernon cherche à lier sonorité et whisky ! Ingénieur du son de formation il monte la micro-distillerie du Drac au cœur de l’Isère et s’intéresse à toutes les étapes de production. Une partie de l’orge en provenance du nord du département est maltée sur place, rapidement, Dorian constate qu’elle produit une vibration unique, loin des malts qu’il commande directement en malterie et qui lui paraisse trop usiné, trop parfait. De même pour le brassage et la fermentation, entre les levures qu’il cultive localement et les levures industrielle, Dorian descelle des sonorités et des variations différentes dans ses brassin.

Pour la distillation, Dorian dispose d’un instrument modulable, un alambic trapu qui permet de produire des distillats lourds mais aussi des distillats plus légers lorsque la machine est équipée de sa « colonne », un simple tube de cuivre qui permet d’augmenter le reflux mais qui ne le dispense pas pour autant d’une seconde distillation. Quant au vieillissement, le format des futs, les profils de chauffe, les précédentes utilisations sont un univers d’expérimentation sans fin pour le mélomane.

En 2019, la distillerie du Drac embouteille Blue In Green, un distillat issu d’une Orge cultivée et maltée localement et vieilli 21 mois en fûts de chêne Français dont le nom et le profil est une référence à l’œuvre du jazzman Miles Davis.

En 2020, c’est une œuvre électro d’Amon Tobin qui accompagnent la sortie de Night Life, le premier whisky de la Distillerie du Drac (Plus de trois ans). Le single malt d’abord élevé en fûts de chêne neufs de 28 litres, puis en barrique de 225 litres de Vin Doux Naturel Rouge (Rasteau).  En 2022, The Chords, un pur malt de vingt-quatre mois (chêne neuf et vin doux naturel ici aussi) fait écho aux tonalités du piano de l’Allemand Nils Frahm et, en 2023, 1986 Summer Fire est embouteillée !

Ce single cask limité à 478 bouteilles tire son nom de la piste cachée de l’Album Twoism du duo écossais Boards of Canada, il s’agit d’un single malt (Distillé entre 2018 et 2020) fumée au foin de montagne et à la tourbe et élevé dans un fut de vin doux naturelle de second remplissage (Celui la même qui avait accueilli Night Life) ! Le tout enfuté sans filtration à 46%.

Nez : Enjôleur et expressif, le nez nous plonge devant l’étale d’une pâtisserie (flan à la vanille, orangette, forêt noire). Puis la matière première (malt frais, foin) s’exprime avec élégance accompagnée de subtile note de tabac blond. Subtile, la tourbe et la fumée se dévoilent à travers des senteurs de thé noir (Lapsang souchong, Earl Grey).

Bouche : Suave, la bouche évoque d’abord la vanille fraiche avec une rare intensité ! Puis des notes de noisette caramélisée (mystère) et de crème anglaise cèdent petit à petit la place à une finale qui révèlera une autre dimension du whisky !

Finale : Longue, c’est à ce moment de la dégustation que la fumée prend toute son ampleur, des notes de tourbe incandescente, de havane et de torréfaction persiste de longues minutes jusqu’à ne laisser que quelque note de cendre humide.

L’histoire pourrait bien en être qu’a ses débuts, la distillerie du Drac devrait petit a petit prendre de l’ampleur avec une nouvelle équipe et de nouveaux locaux. Et pour partager ses deux passions, Dorian Vieux-Pernon envisage même des dégustation avec accords musique & whisky !